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Campagne du Soldat Emile Léonard BERTRAND

173éme Régiment d'Infanterie



Emile Léonard BERTRAND est incorporé le 3 mai 1917 et rejoint le 3ème Régiment d'Infanterie Coloniale qui se trouve en Meurthe et Moselle.


Le 24 mai, le régiment est embarqué en auto pour aller occuper le sous-secteur gauche d'Ogéviller. Il restera jusqu'au 27 août dans la région Badonviller, Azerailles, Ogéviller, Herbéviller, Vaxainville, Saint-Martin, Notre-Dame-de-Lorette, Mignéville, Vannequelle, Pexonne, Vacqueville, etc., ainsi que dans les tranchées et en première ligne dans cette région.

Le 20 août 1917, une attaque allemande au P. R. 7 dans nos lignes, entreprise sous le couvert d'un bombardement intense et prolongé, est repoussée. Le 26 août 1917, le régiment est relevé en ligne par un bataillon du 90ème et un bataillon du 290ème R. I. Le 27 août, le régiment est cantonné à Mesnil-Sainte-Barbe-Nonencourt-Baccarat. Le 28 août, il est cantonné à Essey-la-Côte-Giriviller et environs. Le 29 août, à Lorey-Saint-Mard et écarts. Il reste dans ses cantonnements jusqu'au 17 septembre.

Pendant cette période, le régiment est remis à l'instruction.

Le 17 septembre 1917, le 33ème colonial est embarqué en gare de Bayon et, après débarquement à Longueville, vient cantonner à Loissey-Ressen, Salmagne. Il y séjourne jusqu'au 19. Le 20 septembre, le régiment, transporté en autos, bivouaque aux environs de Verdun (casernes Marceau, Ravins des Vignes et de la Valteline).

Dans la nuit du 21 au 22 septembre, le régiment va occuper: E. M., Carrières de la Goulette; 1er bataillon, deuxième position ; 3ème bataillon, ravin de la Couleuvre. Dans la nuit du 22 au 23 septembre, le régiment est en secteur devant Beaumont et vient occuper les premières et deuxièmes positions.

Le 24 septembre 1917, après une préparation d'artillerie violente, les Allemands attaquent, avec trois compagnies environ, la compagnie de gauche du 2ème bataillon et le bataillon du 52ème colonial, à gauche. Le 25 septembre, le régiment occupe complètement le sous-secteur de la Platelle, au sud-est de Beaumont, 1er bataillon à droite, 2ème bataillon à gauche, 3ème bataillon en soutien. Les journées du 24 septembre et suivantes sont marquées par un violent bombardement de l'ennemi sur nos lignes et par un emploi, en quantité extraordinaire, d'obus à gaz sur les ravins, en particulier le ravin d'Heurias, où sont les cuisines. Des tirs de harcèlement nombreux sont exécutés par l'ennemi sur l'arrière, les pistes et les boyaux. Dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre, le 3ème bataillon relève le 2ème bataillon dans le quartier Sortelle.

Le 20 octobre 1917, au cours d'un très violent bombardement par obus de tous calibres, une attaque d'infanterie allemande a lieu à 3 h. 30 sur la 23ème compagnie et une partie de la 21ème compagnie. Un deuxième coup de main est tenté sur la 21ème compagnie. Ces deux attaques sont vigoureusement repoussées.

Dans la nuit du 6 au 7 octobre, le 2ème bataillon de soutien relève le 1er bataillon dans le quartier Neuville. Le 7 octobre 1917, le 71ème bataillon sénégalais, retiré à l'arrière du front, cesse d'être rattaché au régiment.

Le 12 octobre 1917, le régiment, relevé en secteur, occupe les abris de Louvemont-Haudremont-Ravin-des- Vignes. De nombreux hommes y sont intoxiqués par le tir à obus à gaz qui continue sur nos deuxièmes lignes et nos arrières. Le 17 octobre 1917, le 1er bataillon, renforcé du bataillon Goëtzmann, du 52ème colonial, relève le bataillon Lagrange, du 53ème colonial, dans le quartier Nasseau. Le 18 octobre, le 2ème bataillon relève le bataillon Cauvin, du 53ème, dans le quartier Lapeyrère.

Du 18 au 26 octobre, les lignes occupées par le régiment subissent le contre-coup des attaques répétées, dirigées par les Allemands, à gauche vers la cote 344, à droite sur le bois le Chaume. La troupe, malgré un marmitage journalier, des intoxications et des pertes nombreuses, qui ne laissent en moyenne que cinquante hommes par compagnie, fait preuve d'une endurance remarquable et d'un moral très élevé.

A partir du 26 octobre, le 33ème colonial est relevé par le 408ème R. I. Le 28 octobre, la relève est terminée.

Les 27, 28 et 29 octobre 1917, les bataillons font mouvement en auto et viennent occuper : E. M., compagnie H. R. ; 1er bataillon, Dom-Martin (Haute-Marne); 2ème bataillon, Doulevant-le-Château ; 3ème bataillon, Courcelles. Du 29 octobre au 13 novembre, le régiment reste dans cette région, répare ses fatigues, reçoit des renforts et fait de l'instruction.

Le 13 novembre 1917, la 10ème D. I. C. est mise à la disposition du 17ème C. A. pour relever la 33ème D. I. dans le secteur de Commercy. Cette relève se fait par transport en auto pour les éléments non montés ; par route, en deux étapes, par les éléments montés. Le 14 au soir, le régiment est réparti dans la zone Euville, Gironville, Broussey.

Dans la nuit du 15 au 16 décembre 1917, le 2ème bataillon du 33ème relève au C. R. Frontil, le 1er bataillon du 53ème R. I. C. ; le 3ème bataillon, relevé en ligne, va à Lérouville ; le 1er bataillon, relevé en ligne, va à Euville.

Le 15 février 1918, à 5 h. 45, l'ennemi fait un coup de main sur la tranchée de la Perrière, occupée par la compagnie de droite. Le coup de main est précédé par un bombardement très violent. Le détachement d'attaque ennemi, fort d'une compagnie environ, est reçu à coups de grenades, de fusil et de mitrailleuses et est repoussé dès qu'il a atteint la première ligne de tranchées.

Le 22 février, le 2ème bataillon, relevé en ligne, va cantonner à Jouy-sous-les-Côtes. Le 3ème bataillon, relevé, cantonne à Boncourt. Le 1er bataillon, également relevé, va à Lérouville, E. M. à Lérouville. Pendant cette période, les unités du régiment, au repos, travaillent activement à l'organisation défensive du secteur, organisation générale sur tout le front, en prévision de la grande attaque allemande attendue.

Le 2 mars 1918, le 3ème bataillon du 33e monte en ligne au C. R. Brichaussard. Le 3 mars, les 4ème et 2ème bataillons occupent le C. R. Saint-Agnan, le 1er bataillon prend le C. R. Broussey. Le 20, le 3ème bataillon est relevé à Brichaussard et va cantonner à Jouy-sous-les-Côtes. Les autres bataillons vont cantonner à Boncourt et Lérouville.

Le 21 mars au matin, se produit un fort coup de main sur le C. R. Frontil et la gauche du C. R. de Saint-Agnan. Le 28 mars 1918, le 1er bataillon remonte au C. R. Dupin, le 3ème bataillon au C. R. Perrin, le 2ème bataillon va en réserve à Lérouville, puis à Boncourt. Dans la nuit du 5 au 6 avril, le 2ème bataillon relève le 3ème bataillon.

Le 10 avril 1918, vive agitation ennemie ; de 5 heures à 6 h. 20, se produit un très violent bombardement de tout le secteur Bolle, par obus et minens de tous calibres. Notre tir de barrage, déclanché très rapidement, a empêché l'ennemi d'aborder nos groupes de combat. Dans la nuit du 11 au 12 avril, une attaque allemande, forte de 600 hommes environ, a lieu, vers 5 heures, sur le C. R. Saint-Agnan, occupé par les Américains, et sur la droite du C. R. Frontil, occupé par le 1er bataillon du 33ème. L'ennemi occupe les emplacements du groupe de combat Camuzat Messmer et attaque le G. C. Fanel. La garnison résiste, mais est obligée de se replier sur la tranchée Cchell, ses munitions étant épuisées. Une contre-attaque, rapidement déclanchée, permet de réoccuper le G. C. Fanel et le G. C. Camuzat Messmer, où il se fortifie. Deux contre-attaques sont lancées, mais n'arrivent pas à reprendre le G. C. Messmer. L'ennemi pénètre dans l'ouvrage et enlève une dizaine d'hommes, nous laissant entre les mains un prisonnier du 401ème R. I.

Dans la nuit du 27 au 28 avril, à 23 h. 45, se produit un très violent bombardement par minens à gaz, obus à gaz et obus explosifs sans action d'infanterie. Le 1er bataillon éprouve, de ce fait, des pertes sensibles en évacués pour intoxication.

Le 28 mai, le régiment est embarqué en chemin de fer en gare de Sorcy. Le 1er bataillon est rattaché au C. I. D. Le 29 mai, le 33ème R. I. C. est rassemblé dans la région Villeneuve-sur-Bellot, Bellot-Saint-Barthélémy, à une dizaine de kilomètres au nord de la Ferté-Gaucher).

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Journée du 30 mai 1918


Le 30 mai, il est enlevé en auto-camions et transporté à Château-Thierry, E. M., 66ème B. T. S., à Mézy, en vue de garder le pont de Mézy-Chartère et de couvrir un groupe d'artillerie établi à Crézaney. A Château-Thierry, le Commandant du régiment reçoit de la division l'ordre de marcher avec les deux bataillons de Château-Thierry sur la région d'Epied, par Brasle et Verdilly, et de diriger le bataillon de Mézy sur la ferme de la Cause-à-Dieu, située au nord de la Marne, à environ 5 kilomètres nord-ouest de Mazy.

Le 66ème B. T. S., débarqué le 1er juin à Château-Thierry, est immédiatement mis en marche sur Verdilly, avec mission de prendre pour axe de son mouvement, à partir à Verdilly, la route directe de Verdilly à Epied.

Jusqu'à Brasle, le 66ème sénégalais et le 3ème bataillon rencontrent des éléments isolés venant du front qui signalent la présence de l'ennemi à Mont-Saint-Père, dans le bois de Barbillon et sur la route d'Epied à Verdilly. Sur le plateau au nord de Verdilly, ses éléments de tête se heurtent à l'ennemi et un combat violent s'engage.

Le 3ème bataillon reçoit l'ordre de se porter à la gauche du 66ème B. T. S., d'attaquer les bois à l'est de Verdilly, de déborder l'ennemi qui fait face au 66ème sénégalais et de chercher liaison avec la 43ème D. I., vers Bézuel. En même temps, le 66ème B. T. S. doit reprendre la marche en avant dès que le 3ème bataillon sera arrivé à sa hauteur

Le bataillon Capdevielle exécute son déploiement avec l'ordre et la régularité de la place d'exercice. Ses éléments de droite attaquent le bois à l'ouest de Verdilly, y pénétrent et progressent à l'intérieur en refoulant l'ennemi, qui résiste pied à pied à leur énergique poussée, mais est obligé d'évacuer le bois.

La situation est telle, lorsqu'à 20 h. 30 l'ennemi exécute un lourd bombardement sur le village de Verdilly. Il dure vingt minutes environ. Il est suivi d'une violente attaque brusquée qui s'étend du village de Verdilly aux lisières ouest du bois de Barbillon.

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Journée du 31 mai 1918


Le mouvement s'exécute dans la nuit sans incident et, le 31 au matin, les troupes françaises qui se trouvent sur le terrain au nord-est de Château-Thierry occupent, le long de la voie ferrée, un front très solidement organisé qui part de La Sacerie et s'étend jusqu'au village de Brasles

Vers 9 heures, le commandant Capdevielle rend compte que la droite de la 43ème D. I. a abandonné Bézuet et s'est repliée vers l'Ouest. La liaison est recherchée de nouveau avec cette division, mais en vain. Dans l'après-midi, trois autos-mitrailleuses, qui se sont portées sur la route de Bézu-Saint-Germain aux environs de La Sacerie, ouvrent le feu dans la direction de Bézuet, où des infiltrations de troupes se produisent. Vers 15 heures, en présence des renseignements que lui fournissant les officiers qui commandent ces autos-mitrailleuses et d'où il résulte que plusieurs bataillons ennemis se rassemblent dans le creux de Bézuet, le commandant Capdevielle, dont le flanc gauche est particulièrement menacé, donne à son bataillon l'ordre de se replier

Peu de temps après, le feu ennemi s'allume depuis La Sacerie jusqu'à Brasles et croît rapidement en intensité. A ce moment, des fractions du 356ème R. I. viennent renforcer la ligne en se déployant entre la cote 190 et le boqueteau Lonailier. C'est sur ce plateau, en grande partie dénudé, que nos troupes vont résister pendant trois heures, sans appui d'artillerie, contre un ennemi très supérieur en nombre, sous des feux croisés et convergents de mitrailleuses et sous d violentes rafales d'artillerie réglées par des avions volant bas.

Au cours de ces trois heures de lutte, l'ennemi a vainement tenté de percer notre front de bataille. Les attaques violentes et répétées qu'il a exécutées dans ce but se sont brisées sous nos feux ou ont été repoussées par nos contre-attaques. Des pertes très sévères lui ont été infligées, des prisonniers sont restés entre nos mains.

Mais l'effort de l'ennemi se concentre plus particulièrement sur nos ailes, à droite sur le village de Brasles, à gauche sur le bois à l'ouest de la cote 190. Les vaillantes troupes, qui s'accrochent à ces deux points d'appui, résistent avec acharnement à la forte poussée de l'ennemi, qui étend progressivement son action vers l'Ouest, en direction de Vencelle. Près d'être débordés et ayant épuisé leurs munitions, les défenseurs du bois de la cote 190 se retirent sur Château-Thierry.

Le Lieutenant-Colonel commandant le 33ème ordonne alors le repli de toute la ligne sur les lisières de la partie nord de la ville. Le pont de Courqueux est gardé par des mitrailleuses du 7ème bataillon de mitrailleuses américain. La défense est organisée suivant les directives : tenir le plus longtemps possible la tête de pont formée par la partie nord de Château-Thierry. La défense de la partie sud de Château-Thierry est organisée sur trois lignes.

Dans la nuit du 31 mai au 1er juin, l'ennemi fait plusieurs tentatives d'infiltration par l'Est et par l'Ouest, qui sont repoussées.

Le 7 juillet, le régiment est transporté en autos à Cramant, Vanciennes, Saint-Martin-des-Ablois. Dans la nuit du 10 au 11 juillet, le 2ème bataillon va occuper le C. R. Louvrigny.

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Journée du 30 mai 1918


Le régiment, occupant le sous-secteur de Festigny, a pour mission normale d'interdire le passage.de la Marne à l'ennemi. Il est placé face au Nord sur un front d'environ 7 kilomètres s'étendant, le long de la rive gauche, entre le ravin de Belval, à l'Est, et le méridien de la ferme Amour-Dieu, à l'Ouest. Il a, de plus, comme mission éventuelle (en cas de franchissement de la Marne par l'ennemi en aval de ce front) de constituer en potence, face à l'Ouest, un autre front de 5 kilomètres de longueur environ, allant de la Marne aux abords du village de Nesles-le-Repons.

Le 15 juillet 1918, vers 0 h. 15, l'ennemi déclanche un bombardement d'une violence extraordinaire par obus de tous calibres et obus à gaz sur nos premières lignes et sur nos arrières, bombardement qui dure environ quatre heures, puis se prolonge avec une intensité moindre pendant toute la matinée.

Par suite, le 33e R. I. C. va se trouver aux prises avec un ennemi quatre ou cinq fois supérieur en nombre, sur front coudé à angle droit de 12 kilomètres de développement. Il devra engager toutes ses disponibilités dès le début de l'action pour tenir opiniâtrement la première position, les bataillons de chasseurs à pied et l'artillerie de tranchée étant réservés pour la défense de la deuxième position.

La supériorité numérique de l'ennemi apparaît tout de suite considérable; ce n'est plus de l'infiltration, c'est de la submersion. Le peloton qui occupe Troissy, encerclé par l'ennemi, se défend vigoureusement ; mais, ne pouvant réussir à se dégager, il est bientôt perdu pour la défense.

Vers 9 h. 30, le commandant Darnault est à la lisière nord du bois des Châtaigniers, où il est rejoint par la section Vergnaud. Les débris de ce bataillon vont continuer à résister dans le bois des Châtaignièrs pendant tout l'après-midi.

Le 66ème bataillon sénégalais occupe le bois du Crochet. Les trois compagnies sont aux travaux, assez loin sur les première et deuxième positions ; elles rejoignent leur poste de combat sous le barrage ennemi, non sans subir des pertes sensibles.

Vers 6 h. 30, les Allemands apparaissent sur la cote 204, se portent à l'attaque du bois du Crochet, mais ils sont arrêtés par les feux de mousqueterie et de mitrailleuses des fractions qui gardent les lisières N. O. Ne pouvant pénétrer directement dans le bois, l'ennemi cherche à le tourner par l'Est et par l'Ouest, en direction du bois des Plans. Il accentue en même temps sa pression frontale, grâce à l'arrivée incessante de renforts.

Après quatre heures de lutte, vers 10 h. 30, le bataillon Moustiers, qui a subi des pertes sévères et a été obligé d'engager ses dernières sections de réserve, ne peut empêcher l'ennemi de pénétrer dans le bois. La lutte, à l'intérieur du bois du Crochet, se poursuit pendant près de sept heures et ce n'est que vers 17 heures que ce bataillon, réduit au quart de son effectif, quitte le bois du Crochet pour garnir les lisières ouest du bois des Châtaigniers.

Le bataillon est arrivé près de Festigny, vers 2 h. 45, en plein bombardement. Il fut d'abord maintenu en réserve dans le ravin du Flagot, entre Ménil-Huttier et Festigny. Vers 7 heures, quand il fut bien avéré que le 33ème R. I. ne pouvait plus assurer sa mission dans le sous-secteur de Nesles-le-Repons, le bataillon Carré fut envoyé vers Nesles et le bois du Crochet pour s'opposer à toute progression de l'ennemi par la vallée amont du Flagot.

Au début, vers 8 h. 30, l'ennemi se montre peu agressif, bien qu'il ait déjà pénétré dans le bois des Plans et le bois de Nesles. L'action devient plus vive à partir de 11 heures ; lorsque l'ennemi cherche à déboucher de ces bois, il en est empêché par nos feux. A partir de midi, l'ennemi, sans doute renforcé, conduit le combat avec plus de vigueur, cherchant surtout à envelopper la gauche du bataillon Carré par l'occupation du village de Nesles-le-Repons, mais il ne peut réussir à gagner du terrain de ce côté. Toutefois, lorsque, quatre heures plus tard, l'occupation de la lisière sud du bois du Crochet par les Allemands est accomplie, la pression frontale de l'ennemi, appuyé par des rafales de mitrailleuses arrivant à revers, oblige au repli le bataillon Carré.

Le bataillon Marchand, tenant la droite du sous-secteur de Festigny, paraissait ne devoir être sérieusement engagé que si les Allemands tentaient de passer la Marne au sud de Vendières et Châtillon-sur-Marne.

Après que le bombardement eut diminué d'intensité, le bataillon Marchand ne recueillit aucun indice d'une action d'infanterie au nord de la Marne. Le vacarme de l'artillerie et un épais brouillard qui régnait sur la rivière expliquent que la progression allemande vers Vendières et Châtillon n'ait pu être décelée aux observateurs de Mareuil et de Port-à-Binson.

Lorsque, vers 9 heures, sont signalées les premières vagues d'attaque allemande marchant vers l'Est, le commandant Marchand fait renforcer Mareuil-le-Port. La rive droite du Flagot, depuis son embouchure jusqu'aux environs du moulin de Mareuil, se trouve dès lors défendue par huit sections d'infanterie, appuyées par quatre mitrailleuses.

La progression ennemie se trouve arrêtée pendant plus de cinq heures devant Mareuil-le-Port, ce n'est que vers 14 heures que les éléments de défense situés entre Mareuil et la Marne, pris d'enfilade par les feux des troupes ennemies qui progressent en fortes colonnes le long de la rive droite, doivent se replier vers les pentes de la cote 122.

Au moment où les défenseurs de Mareuil se replient sur la cote 122, quelques éléments de la compagnie Thévenard tiennent encore pendant deux heures environ dans les maisons de Mareuil, situées au sud de la route de Paris et sur les pentes de la rive droit Flagot. L'ennemi, continuellement renforcé, est, en outre, puissamment aidé dans sa progression par les feux d'enfilade de ses troupes de la rive droite de la Marne, qui progressent vers l'Est, au sud de Châtillon. On aperçoit de grosses unités (plusieurs bataillons) e colonne sur la route, couverte en avant et sur les flancs par de petits détachements. Nos mitrailleuses tirent sur ces colonnes et paraissent y provoquer des pertes sensibles.

Vers 15 heures, les Allemands atteignent Port-à-Binson, où deux sections du capitaine Buchet, prises à revers, se défendent valeureusement et réussissent en partie à se dégager après avoir fait sauter la passerelle à l'est du pont suspendu. Ce dernier pont avait été détruit par le bombardement.

Les sections Buchet se replient en combattant en direction de la corne ouest du bois de Mézy, trouées et mitraillées par les Allemands. Le bois est violemment battu par l'artillerie allemande.

Pendant ce temps, de fortes colonnes allemandes affluent dans la vallée du Flagot par les pentes nord de la cote 203 et Cerseuil, mais leur progression est ralentie par une contre-attaque exécutée, à 16 h. 20, en direction des moulins de Nantay et par les feux des défenseurs de Louvrigny et des pentes ouest du plateau.

Un mouvement de repli de nos troupes de la rive gauche du Flagot ayant alors marqué une nouvelle progression de l'ennemi, une puissante attaque, appuyée par des minenwerfers et par l'artillerie, est déclanchée par l'Ouest, le Nord-Ouest et le Nord, en vue d'enlever Louvrigny et la cote 218. Les débris du bataillon Marchand luttent avec ténacité, mais sont obligés de se replier, vers 18 heures, sur une ligne allant de la Carrière (sud de la cote 218) au boqueteau situé au nord du clos Davaux. Cet effort considérable de l'ennemi marque la fin de sa progression pour la journée du 15 juillet.

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Journée du 16 juillet 1918


La nuit a été relativement calme sur le front du secteur ; le bataillon Carré s'est placé, à partir d'une heure, en réserve sur la ligne Cense-Carrée, ferme Bois-Brûlé.

A 6 heures, l'ennemi reprend l'offensive. Son attaque se porte sur les bataillons Renard et Desnuelles. La droite de ce dernier, dans la vallée de la Marne, est soumise à un fort bombardement d'artillerie et à des tirs de revers de mitrailleuse installées dans le bois des Savarts, sur la rive droite.

Après deux heures de lutte, les bataillons Renard et Desnuelles sont contraints de reculer et s'établissent, vers 8 h. 30, sur la route de Montvoisin à la Cense-Carrée. Une compagnie du bataillon Carré, venue en soutien, s'établit à la cote 239 pour enrayer la progression ennemie sur le plateau.

Nos troupes, bien que très inférieures en nombre, défendent le terrain pied à pied. Sur ces entrefaites, il est prescrit à nos troupes d'appuyer, par une vigoureuse action contre le front Leuvrigny-Caully, une contre-attaque que la 77ème D. I. doit exécuter dans le secteur de gauche, en direction du bois des Châtaigniers. Cette attaque est pour midi.

Mais, à cette heure-là, les troupes du groupement sont engagées dans une lutte très dure qui ne leur permet pas de remplir cette mission. Le bataillon Gosset, non accroché, contre-attaque seul, se heurte dans Leuvrigny à des forces d'attaque ennemies. Après une lutte glorieuse, mais inégale, il doit se replier sur le clos Davaux, puis aux lisières sud de Chêne-la- Reine

Malgré une énorme supériorité numérique, appuyée par un intense bombardement d'artillerie lourde et de minenwerfers d'accompagnement, les Allemands n'ont réussi à refouler notre ligne que de deux kilomètres environ sans pouvoir la rompre. Cette ligne ne subira plus désormais de fléchissement et marque l'avance extrême obtenue de ce côté par l'ennemi, au prix de sacrifices considérables. Elle va servir de base de départ à la contre-attaque que la 131ème D. I. prononcera le lendemain.

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Journée du 17 juillet 1918


Dans la matinée du 17, en prévision du déclanchement de la contre-attaque de la 131ème D. I., conformément aux ordres reçus, nos éléments de première ligne exécutent sur les emplacements des nids de mitrailleuses ennemies, préalablement repérés, des tirs violents de neutralisation qui permettent aux éléments de contre-attaque de déboucher du bois et d'arriver à leur base de départ sans perte et avec vingt-cinq minutes d'avance.

A partir du moment où la 131ème D. I. progresse au delà de nos éléments avancés, nos troupes ne sont plus au contact de l'ennemi, mais subissent cependant des pertes appréciables du fait des bombardements ennemis et des tirs de mitrailleuses dirigés sur les vagues d'assaut et les arrières.

Le 18 juillet, les unités du groupe Bénézech reçoivent l'ordre de quitter leurs positions pour se regrouper dans la région de Valenciennes. Le mouvement s'exécute sans incident pendant la nuit du 18 au 19.



Il passe au 173ème Régiment d'Infanterie Territoriale le 17 juillet 1918.



Le 13 juillet 1918, le 173ème part pour Sacy-le-Grand et Catenoy, où il stationne le 15. Dans la nuit du 15 au 16, il vient occuper Montigny-en-Chaussée et se former aux environs ; il y cantonne jusqu'au 4 août 1918. Le 4 août, à 19 heures il se dirige sur Breteuil - Caply et Troussencourt où il arrive le 5 août à 3 heures. Il ne stationnera dans ces localités que jusqu'au 6 août à 21 heures ; embarqué en camions, il bivouaque les 6 et 7 dans les bois dits de Junel (est d'Ailly-sur-Noye). Alerté le 8 août, il va prendre position vers Dommartin, d'où il part pour l'offensive qui, sans arrêt, va se poursuivre jusqu'au 11 novembre 1918.

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La grande offensive de 1918


Le 8 août 1918 à 4h20 l'attaque est déclenchée. Le régiment, accroché aux pentes ouest des hauteurs qui, vers Hailles, Fouencamps, Dommartin, séparent la vallée de la Luce de la vallée de la Noye, suit la progression rapide des unités de première ligne. Le 8 au soir, il est dans les bois à, 1'est de Villers-aux-Érables. Le 9, à Fresnoy-en-Chaussée et le 10, entre Erches et Bouchoir. Ce n'est plus la lutte dans le boyau ou la tranchée, c'est le combat au grand air, à la lumière, sous un soleil brûlant. Le 11 août, à 4 heures, il entre à son tour dans la bataille dont l'intensité s'est accrue. Il enlève les bois dits « de la cote 98 », vrais nids de mitrailleuses, entre Andechy et Le Quesnoy-en-Santerre, et vient se heurter aux puissantes défenses établies par les Allemands entre Damery et Villers-lès-Roye, au lieu dit « bois en Z ». A trois reprises, il se lance à l'attaque de cette redoute, mais en vain, car les mitrailleuses ennemies, protégées, par d'épais blockhaus, interdisent tout mouvement dans la plaine que domine ce solide point d'appui. Ces héroïques tentatives ont coûté de fortes pertes. Le régiment est relevé et va stationner à Arvillers, en réserve de corps d'armée.

Du 12 au 17 août, il cantonne dans la région Arvillers - Erches - Villers-lès-Roye, soumise pendant la nuit aux bombardements par avions.

Ce repos sera de courte durée ; en réserve de corps d'armée le 173ème doit être prêt à reprendre le combat à tout instant. La bataille fait rage devant les positions que défendent Roye. Le 16 août 1918, le 173ème est alerté. Il stationne du 16 au 19 août dans les ruines de Villers-lès-Roye et de Erches et dans les blockhaus du bois en Z. Le 20 août il se positionne devant Fresnoy-lès-Roye, village qu'il aura à enlever.

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Attaque de Fresnoy-les-Roye


Jusqu'au 25 août 1918, ce sont des reconnaissances hardies poussées jusqu'aux lisières du village pour en situer les travaux défensifs, sous des violents bombardements par obus de tous calibres et surtout par des obus spéciaux. Le 26, à 4h30, l'attaque projetée se déclenche. Le 173ème a devant lui des troupes décidées à une résistance désespérée. L'artillerie ennemie est encore dense. Le barrage allemand se déclenche violent et serré, les mitrailleuses, nombreuses et abritées, arrosent furieusement la plaine. Malgré cet ouragan de fer, la progression de nos groupes quoique prudente, est tenace et permanente. De nombreux officiers sont tués ou blessés ; les pertes sont sensibles. Le but est l'enlèvement de ce village transformé en solide et formidable point d'appui par l'ennemi. Près de trois bataillons de régiments différents défendaient cette position. Le combat a lieu dans les ruines des maisons, dans les caves, autour de blockhaus de mitrailleuses. Malgré leur ténacité, les Allemands doivent céder le terrain et devant un suprême bond de nos hommes, ils se rendent ou s'enfuient abandonnant tout, armes, équipements, matériel. A 15 heures, le village est définitivement occupé.

Progressant à la grenade, par bonds de trous d'obus en trous d'obus, suivant aussi bien que possible le barrage roulan s'infiltrant par le nord, passant sous les rafales de mitrailleuses, d’obus et de minens, le but est atteint. A 18 heures, les défenseurs du « bois Croisette », encerclés, mitraillés, traqués à la grenade, se rendent. Deux officiers, 60 hommes, 8 mitrailleuses, un minen, restent entre nos mains.

L'ennemi ne réagit plus. Seuls, dans la plaine, des groupes fuient sur Gruny, protégés par un violent barrage et un tir nourri de mitrailleuses installées le long de la voie ferrée de Roye. L'enlèvement de Fresnoy porte un coup décisif à la résistance de l'ennemi. Nos reconnaissances envoyées dans la nuit signalent sa retraite. La poursuite commence aussitôt en direction de Gruny. Le 173ème dépasse successivement Tilloi, Rethonvillers, Billancourt, Languevoisin. Le 29 août, dans la soirée, il enlève les villages de Breuil et de Moyencourt, malgré les difficultés du terrain, descendant en pente douce vers l'ennemi qui, installé sur le canal, dominant le secteur d'attaque, l'arrose avec précision par des tirs de mitrailleuses et par des concentrations à vue d'artillerie de tous calibres.







Emile Léonard BERTRAND décède le 11 août 1918 à Arvillers- Fresnoy les Roye dans la Somme.